Carnets de route
sur la route de Di Linh, Vietnam, Novembre 2010
Ai rajouté des photos ici et là. De la parcimonie au trop de, au trop d’images, au trop d’émotions au manque de temps. Au temps qui défile, au temps suspendu, aux retrouvailles.
Vous passe les retrouvailles du Sud, du bord de mer, du père pour arriver directement sur la route de Di Linh.
Di Linh, Bao Loc, Loc Son, sans pluie, sans brume, un miracle.
Les rizières du Nord remplacées par les plantations de caféiers et de théiers des Hauts-Plateaux du Centre. Passée par le village natal maternel, pas eu le temps de m’y arrêter ni attarder.
Sept heures pour faire à peine deux cents kilomètres dans un mauvais minibus local, 15 places, 25 passagers, 35 cartons sur la galerie, dans le coffre, aux pieds, sur les genoux, du nuoc mam accroché en haut de l’oreille gauche, deux bonnes femmes qui vomissent par devant et une vieille qui se défonce au baume du Tigre par la droite, ça anéantit tout reste de velléités d’aventure. Roots mais pas trop. Que ce trajet en finisse ou nous mourrons tous d’asphyxie. De quoi ? Ne pouvons plus savoir.
La terre toujours de ce rouge brique, la chaleur assommante, le bleu du ciel, le no man’s land
nous descendons à Bao Loc
Soeur a le regard un peu hagard, de ceux qui disent : « Ah bon, on descend là, au milieu de nulle part ? ». C’est que la gare routière a changé d’emplacement, on est dans ces lieux indéfinis où l’on aurait pu se retrouver totalement ailleurs que cela aurait été pareil.
Mission : retrouver maintenant la maison de la grand-mère maternelle. Une surprise quant à notre arrivée matinale. Après quelques quêtes de renseignements, quelques tours de hameaux et quelques bonnes rigolades avec des présupposés voisins qui se moquent du fait qu’on ne connaisse ni nom ni adresse de la grand-mère qu’on vient visiter, c’est adieu les tongs et les pieds à même la gadoue.
Quoi ? Ma grand-mère, elle s’appelle Grand-mère c’est tout… :)
Un mur a été rajouté, n’avais point reconnu la maison, on était passé devant.
Les photos qui ornent les murs ont changé, les enfants ont grandi, se sont mariés, la maison mieux arrangée. Ce même confort rustique, système de récupération de l’eau de pluie (il vaut mieux dans une région où il pleut trois cents jours par an), douche froide et bassines, ces mêmes ventilateurs de mort, ces mêmes moustiquaires. Échappé aux feuillets d’école à l’encre noircis et aux pages de livres déchirées comme papier toilette. Échappé ai-je bien dit. Roots mais pas trop. ;)
On se couche à l’heure des poules, au son des grillons et des crapauds, quelques mauvaises effluves remontent des terrains mitoyens à cause des eaux de pluie qui ont stagné : une chance pour nous, peut-être était-ce ici les derniers jours de la saison des pluies.
Pour le reste, ma grand-mère : un sacré bout de bonne femme qui ne manque ni de tempérament ni d’humour…