« Tu penses que tu es vivant, après tout, ce soir.
Tu penses à la terre poreuse, au fleuve, au fuseau des îles d’automne, où s’enroule la défection promise : lambeaux de brume, branchages de nids déchus, longs cris d’appel. Quelque chose là se rassemble, va fuir.
Il y a ces nuits perdues tout au fond de tes muscles, le soir, et cet effort qu’il te faut faire, pour un simple bord de vivre malcommode à la cassée du jour, mais tu es vivant, après tout.
Puisque tu regardes tes mains qui ne trouvent plus ton visage.
Tu penses voilà qu’il fait beau et l’horizon avance, enfonce le thorax des façades nues. »
Michèle Dujardin