« Toit du monde,
terre de feu,
désert des déserts :
exils aimantés aux cœurs des vivants !
Par la vertu du seul silence
je vogue sur vos versants vides. »
André Velter, L’Arbre Seul, « L’oracle des pierres »
20 novembre, 17h24
« L’esquive est imparable. L’assaut est impassible. L’impersonnel vient en personne. On ne donne plus prise. On doute sans douter. On s’efforce sans effort. On lutte sans lutter. La sauvegarde exige un total abandon. Le combat s’inscrit dans le cercle des temps. Et le chaos s’ordonne. Et les soleils s’attirent, se repoussent, se stabilisent en pleine course dans la patience de l’azur.
Et la poussière, les fleurs et les glaces règlent la danse où les densités déchiffrent leurs destinées. Chaque geste change la loi des météores, des planètes, des nébuleuses. Les corps composent avec la création. De l’infime à l’infini, du révélé au très obscur. L’inertie ne recèle ni réalité ni promesse. Le chant de l’errance est au plus profond des pierres. La migration accomplit et transmue la forme et la matière. La maîtrise n’est pas dans le repos. Ni dans le marbre la grandeur. Ni l’honneur au tranchant de l’épée.
Le secret tient à un fil. Le secret est un funambule qui passe sans voir les deux versants du vide. Il n’a pas de balancier. Il porte un sablier, et avance, et se livre tout entier à l’épanchement aride. En lui et hors de lui, la limpidité du désert. Il a dépouillé les contraires, dénoué les frontières, enchaîné les ruptures. L’impermanent et le perpétuel s’épousent. »
André Velter, L’Arbre Seul, « Victoire sans victoire »