what will you take home when you visit Scotland?
(une publicité pour je ne sais plus quoi)
_la forme des arbres comme autant de branchies au fond des eaux, vertes fines par milliers — flottantes à l’infime brise, le lichen qui gagne en chacune de leurs ramifications et plus loin encore que le bout des doigts
: légères
se mélangent à l’air
sans
plus
de
frontières
_je ne suis rentrée dans aucun château, aucune distillerie, n’ai goûté à aucun de leurs single malt;
_j’ai vu des hommes pêcher comme des ours à la sortie de l’hiver : le corps à moitié dans la rivière guettant patiemment le flot des saumons qui, échappés des glaces arrivent en fin de course, à la fin de leur incommensurable voyage et remontent fatigués le cours des fleuves et des rivières. cette même rivière où au même instant deux hommes ont le corps plongé comme des ours, lents, patauds, déterminés, cette même rivière que j’aperçois depuis là où je suis, c’est-à-dire dans le mouvement, là dans cet instant avec eux et déjà repartie;
_j’ai échangé des sourires, des rires et des taquineries avec les hommes de ce pays qui ont conservé cette chose précieuse de l’ouverture brute à l’autre. un rire fort, un regard perçant, un sans-gêne naïf quelque fois allié au raffinement british de l’élocution lente précieuse appuyée;
_à la sortie de bars, j’embarquais pour de vastes voyages en compagnie de gens venus d’un pays qu’ils n’avaient jamais quitté, en compagnie d’autres encore aux enfances itinérantes et ceux venus de contrées plus lointaines, afrique du sud — die antwoord évoqués, les seuls que nous connaissions depuis nos maigres cultures en partage, roumanie — je voulais visiter le continent nord américain mais je n’avais pas de visa, je suis arrivée devant, j’ai fait demi-tour : je ne veux pas perdre ma liberté, pologne, canada – toronto une petite ville à côté, et nashville tenessee johnny cash – usa, et me voilà moi attablée avec eux ce soir-là;
_plus tôt dans la journée un jeune homme venu de glasgow m’aura conseillée une longue promenade longeant les rives des lochs qui traversent inverness la capitale des highlands et se jettent dans la mer, point d’orgue à ces précieux conseils : au retour, le passage par un bouquiniste dans lequel on ne sait pas comment chercher mais où le livre finit par vous trouver;
a complete mess qui ose en un unique endroit exiger qu’on remette à sa place le livre qu’on aura prélevé car l’étagère est rangée
dans ce fatras, un recueil m’aura ainsi appelée
et derrière moi, au centre exact du lieu, un foyer qui turbine et des stères et des stères de bois entreposées;
_about pain and beauty
‘Every day you have to keep on beginning again as though you’ve never done anything. But every day is wonderful—even the pain it brings is a marvel. From what I’ve learnt these last few months, it is as if pain and beauty fuse somehow in a kind of sparkling acid, because since I’ve known suffering, I’ve also had such experiences of beauty, it seems that pain has so revealing and repaying a side, life would not be complete without it. Pain is not pleasure, but it is possibility, infinite possibility. O, wherever there is anyone who suffers, I love you, not because I am sorry for you, but because we share such a great illumination.’
Elizabeth Myers à Bruce Marshall, Priestlands Cottage, Sherbone, 21 mars 1946
what will you take home when you visit Scotland?
(ses hommes, assurément.)
Photographie : Stirling, Écosse, 3 avril 2015