Née en 1982. Après des études de Lettres et d’Anthropologie, je quitte Paris sur un coup de tête pour Marseille où je vis et travaille en tant que décoratrice florale, après avoir passé près de 15 ans auparavant dans l’éditorial et la communication notamment digitale.
Sensibilité artistique assez accrue et bonne étoile plaçant sur mon chemin des créateurs de talent œuvrant à différentes formes d’expression et d’engagement (musicales, graphiques, littéraires…), me poussent à l’accompagnement de projets divers et variés et parfois à l’organisation d’événements pluridisciplinaires.
Tout projet étant [initié par, et] celui d’une rencontre, j’aime travailler au croisement des univers multimédia et culturel.
Passée par la presse et médias en ligne, les agences, la musique, le tout toujours au gré des rencontres et affinités, et parfois même sur un malentendu.
Je partage alors mon temps entre la mer, les routes sur-un-coup-de-tête et l’aide à la diffusion d’artistes, à travers notamment la revue de photographie et d’arts PLATEFORM Magazine (2008-2019) et La Nuit Hebdo, co-fondée avec Christian Perrot en 2014, qui constitue une sorte d’ovni digital : un hebdomadaire se réclamant du slow web ne cherchant pas du clic à tout prix mais prônant une certaine lenteur mettant en avant les voix oubliées, celles qui ne peuvent surgir que la nuit, la beauté (aussi vaste que le terme puisse supposer), la lumière (qui clignote ici et là de par le monde), la création, bref, un creuset des rêves au temps suspendu.
En les heures sombres post-attentats de 2015 et le climat électrique qui sévit en France et ailleurs, je participe activement au projet de L’Autre Quotidien dans lequel je gère la rubrique des Chroniques qui propose des regards singuliers, fortement contemporains, sachant traduire – en mots, en images ou en sons – leur ancrage au monde et les possibilités infinies de (se) rendre le monde : sinon meilleur, au moins, palpable, respirable et plus désirable. Avec toutes les aspérités et failles qu’il engendre (ou que nous lui infligeons).
En 2021, changement de cap : je renoue avec un rêve ancien (de couleurs, de textures, de mouvements, de beauté) et entame une reconversion professionnelle pour devenir décoratrice florale. Je pars alors à Londres et à Paris pour apprendre le design floral et inonder le quotidien de fleurs.
Eléments contextuels :
_fais du hockey sur glace à dix ans à Saint-Ouen, de multiples sports de combat et quelques années plus tard de la danse classique m’aidant vraisemblablement à devenir quelques années plus tard encore, reine de l’apéro les lentes soirées d’été et les longues soirées d’hiver;
_implore de quitter le club de natation dès l’âge de 6 ans (une histoire de bonnet de bain, collants sous-pull acrylique et cagoule à remettre trempée l’hiver avec lenteur et agacement) et nage aujourd’hui comme Forrest Gump court, à savoir, sans s’arrêter jusqu’à l’épuisement, même quand ce n’est qu’une fois l’an;
_écoute Jimmy Cliff au CE1, les RATM et Queen en CM1, Nirvana au CM2, Les Smashing, du rap FR et du rnb & rap US au collège, aujourd’hui je dis aux petits que si Jimi Hendrix est Dieu, Amy Winehouse est Déesse; cher enfant, tu apprendras à danser sur tes divinités;
_découvre en 1996 seulement que j’ai beaucoup de famille au Canada et deux ans plus tard, l’étendue d’une famille au Vietnam; mon horizon s’ouvre dès lors au-delà des plages normandes où j’ai passé tous mes étés d’enfance;
_effarement total lorsque je comprends que ce monde est sexué et qu’il me sera difficile d’aller seule où je veux, quand je veux;
_suivi d’une désillusion totale lorsque l’adolescente qui croyait en un racisme déclinant puisqu’elle-même entourée de noirs, d’arabes et de blancs dans la joie et la bonne humeur, constate le monde adulte, les chemins que chacun prend et les intolérances de tous bords se profiler;
_enchaîne dans la tendre jeunesse de multiples soirées dans des squats, raves, prairies, clairières, hôtels désaffectés, afters, soirées gay, plages, sous ciels étoilés avec feux vifs et musiques fortes, traîne également mes guêtres dans des endroits je me la raconte si l’on peut s’y faire péter la panse;
_le temps de longues études non-professionnalisantes suivies par amour de la découverte et par manque cruel de desseins dans la vie autres que celui de tenter au mieux de profiter de cette petite fenêtre ouverte sur la vie qui m’est donnée, sers beaucoup de pizzas, tiens beaucoup de plateaux et traîne beaucoup de guéridons;
_dans ce même temps, dors beaucoup en bibliothèque, révise et travaille préférablement dans des cafés enfumés;
_ne sais acheter les livres que par six ou huit, mes libraires et bouquinistes m’ayant offert avec le temps des cadeaux, une fleur et quelque surnom dont je ne suis pas peu fière;
_utilise parfois des livres comme cale pour pied de table; brise tous les miroirs; laisse les fenêtres ouvertes et ne joue du piano plus qu’à la nuit;
_n’aime danser que sur du rap et du ragga, n’écoute majoritairement que des chansons tristes et lancinantes rock folk post-rock indé, ne danse donc que trop rarement;
_voue une passion pour les carottes râpées et les boules à facettes, les surboums avec les enfants sur The Cure et une fascination pour les pirates et les méduses;
_passe un temps inconsidéré à regarder les lumières des immeubles s’allumer à la nuit tombée; la lune se lever et décliner; les nuages d’étourneaux migrer l’automne venu; le ventre blanc des goélands éclairés par les lumières de la ville tournoyer dans un ballet lent au-dessus de la préfecture et de la bonne mère;
_prends beaucoup d’avions seule pour des contrées lointaines tout en étant sujette à de vives douleurs aux oreilles lors des atterrissages depuis un phlegmon terrassant il y a de cela vingt ans;
_développé un vertige saisissant avec le temps m’ayant valu certaines angoisses lors d’un périple arctique et travaille sur trop de fronts à la fois dans la plus grande des lenteurs;
_trouve la vie trop dure, trop lente, trop courte, ne comprends pas ma société, mon époque, mes contemporains; aime énormément et me déleste facilement et fortement du superflu (et des gens superflus);
_pense que l’âge craignos et de déraison se situe entre vingt-cinq et soixante-cinq ans;
_vomis beaucoup de choses, essentiellement liées aux médias, tv, journaux, culte de l’image et de la représentation; travaille pour autant quand même pour des médias là où il arrive parfois que des voix différentes surgissent;
_fondamentalement pessimiste, m’émerveille de petits signes de lumière ici et là dans l’optique peut-être de me rendre ce monde plus respirable;
_mémoire constituée de plus de trous que de pleins, oublie les faits, réactualise les sensations en un 360; écris et photographie dans une démarche d’éclaircissement et de consignation;
_ne sais prévoir, aime les tentatives et les pages blanches.
Manifeste :
_une sorte de
Et parce que ce site n’existerait pas sans musique :
_toute la bande son ici
Rêves des autres
« je monte dans le bus presque vide malgré la foule d’attente à l’extérieur, c’est qu’il y a dedans un immonde clochard édenté en long manteau à la peau pâle qui tombe en lambeaux, il dit en postillonnant qu’il bénéficie d’une remise de 5% sur le prix du billet, il fait fuir tout le monde, à l’avant des étudiants parlent de “la fac”, je suis étonnée que dans ce pays aussi l’on dise “la fac”, nous parvenons à la nature, c’est le Québec tout entier à mes pieds, mes yeux en larmes, c’est là donc que je vivrai, ce sont des lacs, des collines en forêts, des sapins, du bois partout, une fille me disait vivre par là-bas, un jour j’irais la visiter, oui, sur une colline disposées huit chandelles de la taille d’un homme, ou étaient-ce des moulins à vent, Candice en robe blanche pour les allumer tirait sur une bouteille de gaz, je la prévenais que c’était dangereux, mais elle savait faire, c’était chez elle ici, il y avait du vent, il avait cessé, la lumière eut lieu (ou peut-être pas) »
N.
« J’ai rêvé de toi – tu vivais dans une maison au bord – tout au bord – de la forêt et ton amoureux t’emmenait sur sa moto. »
V.
L’arrivée à Marseille (mars 2013)
« Je suis en voiture. On me parle, au téléphone ou juste comme ça, une voix derrière le coin de la tête. Elle me parle du trajet et de la route. Je vais conduire pour arriver à Marseille.
La route est grise, un peu givrée, montante et assez sinueuse. Des pins la bordent dans le premier virage. Puis un second virage, long, très difficile, avec de la neige, que je négocie très bien. Je m’en réjouis auprès de la voix, faisant remarquer que je suis juste deux ou trois kilomètres-heures au-dessous de la limite de vitesse. Au bout de la ligne droite qui suit il y a un carrefour, un feu. Sur l’instruction de la voix, je suis une sorte de R5 gris noir car il s’agit de la bonne personne, la personne de Marseille.
Je me gare dans un bâtiment de béton, un parking sombre, non loin de la R5. Je sors de la voiture et retrouve Candice et la « vraie » Marseillaise (peut-être sa sœur). Laquelle m’a sorti une sorte de caddie, qui est aussi une sorte de cartable molletonné à deux compartiments. Ce n’est pas très beau et il va falloir le traîner pour se promener mais je cache un peu le cartable en le plaçant dans le caddie, et prends le tout avec enthousiasme, soucieux de m’adapter aux façons de faire d’ici.
Nous nous mettons en route et je plaisante : nous n’avons qu’à aller seulement dans « la rue de Marseille » et je remplirai mon caddie-cartable de pastis ! (Je vois les bouteilles s’empiler dans les deux pochettes.) Non, mais – je replaisante – on pourrait prendre d’autres alcools aussi (de l’absinthe). J’ai envie d’alcools.
Je manœuvre mon caddie sur une petite passerelle de bois à virages, qui sort du parking et monte jusqu’à la terre ferme, à la chaussée de Marseille. Sur la passerelle Candice me dit que sa mère, avec son groupe d’amies, a trouvé une nouvelle façon d’être belles. Je suppose que c’est une nouvelle façon de se maquiller, mais Candice me détrompe : le secret, c’est de cesser d’avoir la foi. Ah bon. Je m’étonne que tout le monde n’y ait pas pensé plus tôt. »
Y.
_aussi, des tableaux de choses que j’aime sur mon tumblr Éphémères.
« le chemin aura fini par être celui de quelques phrases bientôt détachées de leur histoire »
André Du Bouchet, Retours sur le vent