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Le passage précédant cet extrait est en écoute
« Cependant le soir tombait et la place publique se voilait d’ombres ; alors la foule commença à se disperser, car la curiosité et la frayeur mêmes se fatiguent. Zarathoustra, assis par terre à côté du mort, était noyé dans ses pensées : ainsi il oubliait le temps. Mais, enfin, la nuit vint et un vent froid passa sur le solitaire. Alors Zarathoustra se leva et il dit à son cœur :
En vérité, Zarathoustra a fait une belle pêche aujourd’hui ! Il n’a pas attrapé d’homme, mais un cadavre. Inquiétante est la vie humaine et, de plus, toujours dénuée de sens : un bouffon peut lui devenir fatal. Je veux enseigner aux hommes le sens de leur existence : qui est le Surhumain, l’éclair du sombre nuage homme. Mais je suis encore loin d’eux et mon esprit ne parle pas à leurs sens. Pour les hommes, je tiens encore le milieu entre un fou et un cadavre.
Sombre est la nuit, sombres sont les voies de Zarathoustra. Viens, compagnon rigide et glacé ! Je te porte à l’endroit où je vais t’enterrer de mes mains. »
F. Nietzsche, Prologue de Zarathoustra