c’est toujours un dimanche

_remplir les interstices projeter ce qui dans silences de la petite écriture se fait – écrire à ta place.
Je reprends : écrire à ta place. Noircir ces feuillets entiers, gribouiller sur les coins de table, annoter en marge mes lectures, penser à toi en écrivant ma liste de courses, te glisser sans faire exprès entre le lait et le café, me permettre même de lancer quelques croches à la volée. Comme un dimanche.
C’est toujours un dimanche.
Ces mêmes ventilateurs de mort, ces mêmes moustiquaires, ce même bleu.
C’est toujours, remplir ces interstices, combler ces petits silences qui n’ont d’existence que ce qu’on leur envie, ce plein de soleil, ce calme bleu, cette paix, dimanche.
En réalité peut-être, ne rien faire de tout cela.
Contempler les paquebots traverser l’horizon un à un. Nous voir sur l’un, nous voir sur l’autre, nous voir sur tous, nous sur tous, nous sur tous les paquebots, sur toutes les mers. Et sourire.
Et ces petits silences qui ne crient plus, ni l’absence ni le manque mais dégorgent d’un trop plein –

T’aimer dans l’absence ?

Candice Nguyen – C’est toujours un dimanche

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)