La fatigue me rend triste. Couches infinies aux entrelacs de la mémoire, les visages se superposent, les paysages s’entremêlent : ici ou là tout est pareil. Nous ne sommes que cinq à bord et pourtant, pourtant c’est comme si le monde y était réuni. Le monde, nos précédents voyages, mes rencontres, la sienne, tout est là ce matin, et l’or qui n’en finit plus de briller. J’imagine le chemin qui me ramènerait vers elle – de détour en détour en traverses, mes pas fantasment ce que ses yeux auraient pu aimer contempler
à s’en perdre.
Avec moi ?
La clarté du jour ne peut estomper la fatigue de la nuit que nous venons de traverser. Les ombrelles m’obsèdent comme tâche de bronze incrustée au coin des yeux, voir trouble ébloui, sa présence partout, en moi, devant, à la surface de l’eau – que fais-tu ? Et ces fleurs comme mes yeux ton prénom et sa voix qui nous chantait…
pas assez