Moi la femme ignorante
Je poursuis ce que je ne veux pas, désire ce que je poursuis, jusqu’à ce que malheur m’assomme
alors je m’appuie contre un mur qui penche, je pleure l’espace d’un minuscule instant,
insulte le temps voyou et les fils de chien
me plains (pas trop) et reviens à ma prochaine histoire.
Je suis la femme rescapée
Ils n’ont pris de moi que ce qu’un vent prend à une forêt, dissimulée, je marche sur l’eau, déploie mes ailes
Ciel cendre. La pluie à verse sur la vitre de la fenêtre. Qui frappe à cette heure ? La main de la mort ? Le cri de la naissance ?
Bougonnements, gémissements, aboiements, beuglements, ébrouements, hennissement.
—- Ô temps assassiné
< RIFAAT SALLAM, PIERRE FLOTTE SUR L’EAU
Nous laissant sur les bras un monde
Où ceux qui dénouent patiemment les fils
Seront toujours battus par ceux qui les tranchent
< JEAN-CHRISTOPHE BAILLY, BASSE CONTINUE
et, recueillant une part excessive du
délabrement anonyme
< MAURICE BLANCHOT, THOMAS L’OBCUR
Nous avons trainé nos pas
de chapelle en chapelle
de docks en docks
démasquant nos
espérances_travestissements_illusions
à terre_nous sommes à terre_
_atterrés_
médusés
oui_mais
On est n’importe qui
C’est pas mal d’être comme tout le monde
Mais où est la mer
< MARGUERITE DURAS, LA BEAUTÉ DES NUITS DU MONDE
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