dans cette nui là noire le vent (Hervé Guibert)

Vincent

Autechre – VLetrmx (Garbage EP, 1995)
 

Plus les années passent, plus notre visage rétrécit dans la glace, au point de devenir un jour une tête d’épingle à la Giacometti.

< ALAIN VEINSTEIN

 

Retour. Entendu la voix de mon père au téléphone, et pour la première fois entendu la voix d’un vieil homme. L’envie de pleurer.

< HERVÉ GUIBERT, MES PARENTS

 

Vous trébuchez sur votre colère et vous n’êtes jamais à l’heure.

< WIM WENDERS, DER HIMMEL ÜBER BERLIN

 

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Pourtant, et par cela même, l’eau, et surtout l’eau immobile et calme, est liée depuis toujours à la mémoire : là où tout est englouti, tout est peut-être intégralement conservé.

< JC BAILLY, LE PROPRE DU LANGAGE, VOYAGES AU PAYS DES NOMS COMMUNS

 

— je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l’air, c’est une des jubilations de l’enfance de pouvoir se transformer en plume.

< HERVÉ GUIBERT, MES PARENTS

 

LUCIOLE — Sous la nuit qu’ils répliquent en constellations errantes, les petits insectes lumineux écrivent une phrase extasiée et muette, qui ne serait faite que de ses césures. La lumière en une fiole et, en cette brillance discrète, comme une pudeur ou une hésitation de l’être à s’affirmer bruyamment : parfait nocturne et modèle d’un poème qui ne serait qu’une danse effarée, logique et silencieuse.

< JC BAILLY, LE PROPRE DU LANGAGE, VOYAGES AU PAYS DES NOMS COMMUNS

 

—— tu vois ça fait du bien de marcher et cette nui là noire cette lumière blanche ce flash lent qui sort des nuages les nuages qui glissent le fleuve qui glisse les feuilles qui glissent la lune qui glisse
ça fait du bien de marcher et cette nui là noire

< FRED GRIOT, LA PLUI

— BOUT DU MONDE — lointain qui stagne, où l’on est arrivé et d’où peut-être on ne repartira plus.
— On se dit que le bout du monde c’est ou ce serait d’abord un film au montage halluciné, fait d’embardées lentes, une sorte de condensation panoramique de l’abandon.
— C’est tout. Mais faut-il justement que le bout du monde soit davantage que cela et se mette à jouer des cymbales dans le paysage ?

< JC BAILLY, LE DÉPAYSEMENT

Le vent est une figure métaphorique parfaite. Un élément qui remue les choses sans exister comme chose. Une grande cause invisible qui a des effets dans le visible. C’est comme le désir, comme ce qui resterait de Dieu alors qu’on y croit plus.

< PIERRE MICHON, L’AUTRE JOURNAL, JANV. 1991

 

par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)