_démesure est mon nom le temps éclaté les nuits sans sommeil les mille chantiers commencés et à venir il faudrait quatre ou cinq vies pour pouvoir bien faire les choses. pas dit en venir à bout juste bien les faire dans le temps où on les fait. au lieu de ça on précipitera un peu le tout on s’en tiendra à l’improvisation et tout finira bien par s’aligner en chemin : pourquoi donc s’inquiéter. on s’inquiète parce qu’on a toujours trois trains de retard que les projets sont vastes et lointains qu’on les oublie pour assurer le simple quotidien et que le temps file aussi vite que la nuit de décembre tombe
_heureusement que la douceur des jours
heureusement que j’ai appris à recevoir / reconnaître la grâce et la légèreté des autres (de tous les autres)
heureusement que la joie trouvée dans tant de minuscules et immenses choses (par exemple,
les gaufres avec les petits
les dessins et chansons de pirate
les fous rires en plein cœur de la nuit les amis)
heureusement que la programmation culturelle de la fin novembre à marseille était folle (et follement citoyenne et méditerranéenne) entre les rencontres d’averroès et celles à l’échelle
heureusement que la lumière ici même n’a cure de nos états inconsolables – elle s’en fout trône se déploie avec insolence et nous arrache à notre fatigue
et 2017 on pourra lui dire va te faire mettre si t’es comme celle d’avant nous sommes prêts
_depuis le printemps dernier je dors quatre heures et demi en moyenne. six dans les jours généreux. me dis tiens il faut faire ceci cela consigne tout sur des petites listes à barrer – des pages entières de carnets entreposés sur le bureau dans le sac dans l’ordi – points alerte ➡️➡️➡️ attention travaux ⚠️ points d’exclamation !!!!!!!!! dates heure mais sais-tu au moins quel jour on est ? – et la nuit venue il ne m’en reste presque déjà plus le souvenir mais le constat désormais résigné de cette lenteur qui me c o n s t i t u e. (heureusement que les photos et toutes ces notes que je prends comme béquilles de ma mémoire). j’ai idée de m’essayer à l’escalade pour parer ce vertige que j’ai développé avec le temps — ceci n’est pas qu’une allégorie. un jour qui sait ce sera peut-être le massif des calanques en ses sommets – oh la beauté de ces lieux – que je crapahuterai bien harnachée.
_qu’est-ce que c’est bien d’être en vie