« C’est à force de ne pas chercher à croire, de ne pas tergiverser sur croire, c’est en apprenant l’économie, une sécheresse, un dépouillement, pas dans le résultat mais dans l’intention. C’est en amaigrissant l’intention. C’est en se faisant le creux malléable, c’est en se laissant faire que nous choisîmes le plus et le plus ardemment. C’est dans l’apprentissage du souple que nous résistâmes avec le plus de droiture. C’est à force de laisser couler que nous devînmes roseau. C’est ainsi en prenant pour appui la lumière diffusée par chacun des matins et sans la moindre exception, en la prenant pour appui sans poésie et sans lyrisme, c’est ainsi en s’appuyant sur une phrase jetée mille fois, nous sommes vivants, que la force ignorée arrive. C’est dans un abandon certain et un sourire non feint, que nous échappions peu à peu à la peur rigoureuse de l’autre, peur de soi et la violence qu’elle induit. C’est ainsi en faisant de la place, que nous trouvions la nôtre, et lisions qu’il reste à lire, infiniment, et sans mesure, et sans obligation. C’est ainsi, sans cynisme, que nous rîmes le plus à la gorge de nos ignorances, et tous les savoirs que personne ne nous reconnaîtrait. »
Marie Richeux, octobre 2013
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