l’air était soudainement froid (8)

L'air est soudainement froid

Ólafur Arnalds – Loftið Verður Skyndilega Kalt
 

Commencer par le début, ça peut aider à comprendre.

J’ai reçu ce matin une carte sans un mot manuscrit dessus. Elle montre la scène étrange d’un ange cheveux clairs bouclés mordu par un chien, c’est ce que l’on devine à l’ange qui se tient le mollet et dans un rictus de douleur contemple hébété le chien qui se trouve derrière lui — petit chien de chasse, poils longs, oreilles tombantes, la robe tachetée. Au dos, mon nom mon adresse typographiés à l’encre coulée et le sceau d’une poste inconnue. RønneRønne… Ce nom claque comme une porte dans un gouffre de vent — je sais que c’est toi. Que fais-tu si loin là-bas ? Cette mauvaise photo est la seule qu’il me reste de toi. Tu m’avais dit qu’il te fallait partir, tu ne m’avais pas dit où ; ni quand. Qui étais-je pour te poser la moindre question. Ton regard était clair ce soir-là : tu ne m’emmènerais pas. Les murs crient au vide et mes fenêtres grandes ouvertes laissent rentrer la lumière calme de fin d’été, il fait pourtant si froid. Te souviens-tu que chaque matin alors tu me répétais ces mêmes mots alors que j’avais les yeux encore à demi-clos… « L’instant volé du visage d’une femme révèle quelque chose à propos du Temps lui-même », le Temps m’a désertée.

 

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par Candice Nguyen

« je suis le danseur étoile, ma sœur est la ballerine, nous ne faisons plus aucun poids, nous volons en l'air, c'est une des jubilations de l'enfance de pouvoir se transformer en plume. » —Hervé Guibert

DANS LES CARNETS

à propos du silence de Larmes (largo di molto)