Sous les alcôves un soir, dans la nuit très avancée déjà sûrement, dos au parc dont on n’avait pas osé, ce soir-là, escalader les grilles fermées qui s’élevaient. À l’abri des lumières, des passants et du bruit, emmitouflés dans le calme sourd de la nuit, le souvenir des cordes de ce violon qui plus tôt dans la journée encore exultait en ricochant son âme de fenêtres en fenêtres, grattant au passage les eaux de la fontaine, les feuilles des arbres scandaleusement vertes.
C’était il y a plusieurs saisons, plusieurs années, plusieurs mémoires, assez de couches d’oubli et de travestissements pour ne plus savoir ce qu’il y eut autour de ce baiser. Il ne reste que lui, mes yeux portés vers nos ombres projetées et le cliquetis du déclencheur par lequel le film peut encore se dérouler et la mémoire se raviver. Après quoi, nous avons dû rentrer au chaud dans l’appartement qui se situait à quelques mètres de là, sous le claquement lent mais appuyé de mes talons sur les pavés.