« J’écorche mes plaies avec les extrémités de ton silence
… et la tempête
et je meurs pour que les mots trônent dans tes mains »
Mahmoud Darwich, S’envolent les colombes
Nos pensées sont comme des nuages. Jamais elles ne se fixent mais lentement et imperceptiblement changent de forme ; accueillant en leur sein le vol des oiseaux migrateurs, le vrombissement des avions tantôt surchargés, tantôt vides endormis, la foudre, le vent et la pluie, et parfois quelque brèche,
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une éclaircie déchirant le ciel
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une lumière pure et aveuglante :
du bleu.
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Je creuse dans la musique dans le silence en moi
ce qui est là que je sens et que tu ne sais pas encore
a p p r o c h e
dans les courbes : ton reflet
J’appelle tout ce que la voix ne dit pas, tout ce qu’elle tait, l’entour et le plein dont l’écriture n’est que son creux silencieux et l’aveu d’un choix, d’un arbitrage qu’il aura toujours fallu assumer. Que c’est pour cette raison-même qu’on aime la poésie. Pour tout ce qu’elle ne dit pas mais laisse en creux et confesse volontiers sans autre souci d’humilité.
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elle demande :
est-ce que la nuit appartient au ciel et le jour à la terre ?
est-ce que les oiseaux marins dorment
est-ce qu’ils s’étendent sur les eaux et ferment les yeux
qu’est-ce qui peut se faire ou se défaire en une nuit
dis-moi
est-ce que mon esprit libre s’arrête là où commence le tien
elle plonge alors ses bras dans l’eau, revient du sable dans les mains, et dit :
je dépose tremblant ton nom dans la marée
photographies © frédéric chabot
/ à propos des chemins de traverse