à v.
Des voix murmurent au creux de la nuit. Elles se racontent les vies depuis le temps manquées. Chaque mot est pesé, jaugé, avant de pouvoir rejoindre la fumée bleue des confidences. Un rire parfois, quelques éclairs dans les yeux.
Le silence soudain. Banc de lucioles dans l’obscurité.
* *
*
Sur ses lèvres, le désir de lui demander : apprends-moi, apprends-moi, s’il-te-plaît.
Apprends-moi la résurgence de mon enfance heureuse
apprends-moi la sagesse des temps présents
apprends-moi à rire de tout, et surtout de la vie
apprends-moi à danser
à danser comme on danse sur les décombres, main dans la main avec tous ces morts qui me regardent
apprends-moi à regarder, à regarder la vie autrement que par tous ces chemins que nous ne prendrons pas.
* *
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Les anges assis près de l’endormi lui soufflent alors les rêves de la réconciliation car fragile est le sommeil des inquiets.
« J’accrocherais mon ombre à deux rochers où les oiseaux égarés construiraient un nid sur la branche de mon ombre.
Je briserais mon ombre pour suivre le parfum des amandiers flottant au-dessus d’un nuage poussiéreux
Je peinerais dans les montées. Venez à moi, écoutez-moi. »
Mahmoud Darwich, Plus rares sont les roses, « Si c’était à refaire »
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photographies © frédéric chabot
/ à propos des chemins de traverse