Do you think that the amoeba ever dreamed that it would evolve into the frog?
Of course it didn’t.
And when that first frog shimmied out of the water and employed its vocal cords in order to attract a mate or to retard a predator…
Do you think that that frog ever imagined that that incipient croak would evolve into all the languages of the world, into all the literature of the world?
Of course it fucking didn’t.
And just as that froggy could never possibly have conceived of Shakespeare… so we can never possibly imagine our destiny.
[script from « Naked » (Mike Leigh, 1992)]
« – Qu’est-ce qu’un réfugié, mon père ?
– Rien, rien, tu ne comprendrais pas.
– Que signifie être un réfugié, grand-père, je voudrais comprendre ?
– Être un réfugié signifie que tu ne seras plus un enfant désormais ! »
Mahmoud Darwich, L’exil recommencé
« Je ne suis plus un enfant. Depuis peu. Depuis que j’ai appris à distinguer la réalité du rêve, à faire la différence entre ce que je vis et ce que je vivais il y a quelques heures. Le temps se brise-t-il comme le verre ? Je ne suis plus un enfant depuis que je sais que les camps de réfugiés au Liban sont la réalité et que la Palestine habitera désormais le rêve. Je ne suis plus un enfant depuis que la flûte de la nostalgie m’a effleuré. Alors, quand la lune pousse sur les branches des arbres, des messages obscurs m’habitent. Missives envoyées à la maison carrée, au haut mûrier, au cheval nerveux, au pigeonnier et au puits, lettres écrites à la ruche d’abeilles dont le rayon de miel me blessait, aux deux chemins d’herbes qui menaient à l’école et à l’église… Et les digressions débordent de ma langue…
– Notre situation va-t-elle durer, grand-père ?
– Notre migration sera courte. Sous peu nous rentrerons. »
> L’exil recommencé
« Personne ne revient. Personne ne revient exactement à celui qu’il était et là où il était. L’on ne revient que collectivement ou métaphoriquement. Mais nous avons un besoin symbolique de charger le retour des individus de significations générales avec l’espoir qu’un printemps, réel ou imaginaire, jaillisse de l’aile d’une seule hirondelle. »
> L’exil recommencé
« L’oubli répandra les herbes sur ses murs, et nous évoquerons
Les jours de nos frères et l’histoire de l’eau jaillissant de la pierre. Combien devrons-nous encore attendre »
> Mahmoud Darwich, Au dernier soir sur cette terre, « C’est une chanson »
Photographies : Vatican, février 2014